L’école Ma Voie a malheureusement dû fermer ses portes au mois de novembre 2022, après un peu plus d’une année d’existence.
Les premiers témoignages d’élèves, de parents, de facilitateurs-rices nous réconfortent sur ce que nous avons pu offrir pendant la période d’ouverture de Ma Voie, semant des graines qui ne manqueront pas de porter leurs fruits.
Un grand merci à toutes celles et ceux ayant soutenu ou pris part à cette aventure!
Nous avons accueilli deux visites de l’éducation nationale lors de notre première année d’existence. Les rapports produits concluaient que nous n’enseignions pas assez à nos élèves.
De notre point de vue, ces rapports sont outrageusement erronés :
- les faits décrits sont imprécis, les inspecteurs n’ont pas observé ou compris notre manière de travailler, ont projeté sur notre école des idées préconçues sur les écoles démocratiques (notamment en faisant des copier-collers de rapports d’autres écoles)
- ce qui nous a été demandé n’était pas de respecter la loi, mais de la respecter d’une certaine manière, celle envisagée par le rectorat, entravant sans raison valable notre liberté pédagogique
- il y a eu des erreurs de procédure, et notamment notre point de vue n’a pas été transmis ou pris en compte comme il l’aurait du.
Malheureusement, trois recours d’urgence en justice n’ont pas suffi à faire suspendre cette décision, malgré le fait qu’aucun des arguments que nous avons avancé n’ait jamais pu être contredit. L’argument d’autorité du rectorat, le seul mis en avant, a suffi à l’emporter.
Les procédures au fond, plus lentes, sont toujours en cours et nous espérons une victoire pour la liberté pédagogique en 2023 ou 2024.
Nous voulions vous raconter un peu dans quelle situation cela nous met, dans quel état d’incompréhension également...
Parmi nous il y a des cas très divers : des familles arrivées là par un concours de circonstances, d’autres suite à des expériences malheureuses vécues au sein de l’école publique, des parents au chômage, des artisans, des ingénieurs, des artistes, des enfants allant de 3 à 15 ans, ...
Tous, nous sommes témoins de l’éveil de nos enfants au sein de cette école. Et ce n’est pas une volonté militante qui guide notre regard, mais notre bon sens : là, nos enfants sont épanouis, nos enfants retrouvent un équilibre pour certains, nos enfants ontenvie d’aller à l’école !!
Mais notre regard et notre bon sens n’ont pas de valeur quand il s’agit de l’éducation de nos enfants au sein d’une école. C’est du moins l’expérience que nous sommes en train de vivre en ce moment.
L’autorité dite compétente a son cahier des charges ainsi que son mode opératoire au niveau de l’inspection, et peu importe s’il n’est pas adapté à la différence. Aujourd’hui, il semble que différence ne veuille plus dire diversité mais uniquement séparatisme.
Et nous ne comprenons pas ce que cela veut dire.
Nous ne comprenons pas cette « protection » imposée qui conditionnerait le « bien être » de nos enfants. Est-ce penser au bien être de nos enfants que de fermer leur école du jour au lendemain pour les replacer en cours d’année dans un milieu qui pour certains a été traumatisant ?
Nous ne comprenons pas une telle urgence à venir inspecter, contrôler, critiquer, attaquer une école qui s’ouvre.
Nous ne comprenons pas pourquoi le rectorat a envoyé à l’école son rapport engageant la fermeture 2 jours avant la rentrée alors qu’il l’a envoyé avant les vacances d’été à la préfecture. Où est le respect des enfants et des familles dans une telle manière de faire ?
L’école Ma Voie n’a pas été créée à l’encontre de l’éducation nationale ou de l’état mais simplement en tant qu’école démocratique à part entière. Et il est étrange de se sentir comme pris en faute d’hostilité face au système. Nous ne voulons pas créer de contre. Il ne s’agit pas de cette histoire. Mais la naissance de cette école et ce qui y a été vécu jusqu’à aujourd’hui nous a permis de vivre la richesse de la diversité et de voir combien il était important de la développer au sein de notre société avec tout le bon sens dont nous sommes capables en tant que citoyen.
La journée commence, il fait beau, le soleil perce de ses rayons à travers la petite forêt que nous sommes en train de traverser avec ma fille de 5 ans. Je l'emmène à l'école, le coeur gros. Les larmes aux yeux presque. Pourquoi? Oui pourquoi... Cette école est certes un peu différente, une école "alternative" pourrait on dire. Une école dans laquelle les enfants s'épanouissent, une école dans laquelle ma fille est triste de ne pas pouvoir aller parce que le week-end arrive ou les vacances. Alors pourquoi?
Le coeur gros, oui : l'école démocratique "Ma Voie" vient de recevoir de la Préfecture un courrier, une injonction à fermer ses portes. En plein milieu du premier semestre scolaire, "Ma Voie" est invitée à se taire.
Que vont vivre nos enfants avec cette rupture?
Peu semble importer.
Seront-ils traumatisés par ce changement obligatoire?
Peu semble importer.
Ceux auquel le système traditionnel ne convenait vraiment pas, ceux qui étaient en échec scolaire et sortent la tête du trou peu à peu, que va t-il advenir d'eux?
Peu semble importer.
Oui, peu semble importer.
L'école est-elle réellement capable d'apporter un enseignement de qualité?
Peu semble importer. Oui même là, peu semble importer.
Lorsque les inspecteurs sont venus une première fois pour enjoindre l'école de modifier certains aspects de son projet pédagogique, le ton fut donné. A tel point que l'école a jugé bon de se prémunir de la prochaine sentence en faisant contrôler l'application et la mise en pratique des demandes de l'éducation nationale par un huissier de justice. Un rapport sera écrit.
Les inspecteurs reviennent, aussi déterminés et peu aimables que la première fois nous rapportera t-on. Et la sentence finale tombe. Un nouveau Non. Un autre rapport sera écrit constitué parfois de copiés-coller du rapport qui eu raison de l'école démocratique de Voiron l'an passé. Deux rapports. L'un dit blanc, l'autre dit noir.
Alors pourquoi?
Il fait beau, oui, nous arrivons, des arbres, des enfants qui s'amusent avant le rassemblement du matin, où chacun aura le droit de s'exprimer, de donner un avis, de déposer une pierre pour que l'édifice grandisse.
Ce soleil me rappelle cet après midi de printemps, où me rendant à l'école pour y chercher ma fille, je découvre des tables sorties dehors, un enfant assis là semble y faire des équations du second degrés, d'autres lisent sur un banc, tandis que d'autres encore courent dans l'herbe ou font des courses de vélos, tout cela sur un fond de Bach : au loin, le son du piano s'échappe des bâtiments de l'école, une élève joue le début du clavier bien tempéré de Johan Sebastien Bach.
Cette école c'est l'avenir me dis-je alors ce jour là.
Mais aujourd'hui? l'éducation nationale a tranché, à la poubelle l'avenir?
A la poubelle tout cela? fini? fermé? seulement parce qu'une paire de contrôleurs sont passés deux fois, sans même avoir lu le projet pédagogique de 150 pages de cette école!
Eh bien Non.
Cette semaine nous allons probablement recevoir l’injonction de rescolariser notre enfant suite à la fermeture de l’école.
Eh bien Non.
Nous ne sommes pas d'accord.
Non, nous ne sommes pas d'accord. Car au delà de cette école, qui est loin d'être un cas isolé, c'est toute la direction de l'éducation des enfants d'un pays qui est mise en danger. Nombre d'école fermées aujourd'hui ne sont pas subversives, ni séparatistes, seulement différentes. Nous demandons pour ces écoles, des inspections impartiales, des partenariats intelligents de la part d'une éducation nationale qui aujourd'hui n'est parfois pas capable d'appliquer un enseignement de qualité : manque de professeurs, classes bondées...
Mais alors pourquoi fermer des écoles?
We use cookies to improve your experience and to help us understand how you use our site. Please refer to our cookie notice and privacy policy for more information regarding cookies and other third-party tracking that may be enabled.